Le 8 septembre, je suis retourné visiter l’hôpital de Manosque. Pas devant, cette fois, mais dedans. À la rencontre des soignants, bien sûr ; mais aussi des agents techniques et administratifs, des cadres… Pour cerner, au plus près, leur réalité.
(Presque) sept heures pour visiter (presque) tous les services. Ils et elles racontent. On écoute : La fierté de faire son métier, la peur d’en perdre le sens. Le manque de lits, et ce sentiment que, souvent, « c’est l’usine ».
La nécessité d’un soutien aux équipes. Parce que 80 % du temps d’un médecin passe dans le traçage des soins avec des logiciels inadaptés. Parce que le manque de « lits d’aval » (essentiellement privés) sature les services. Parce que le public accueilli est de plus en plus précaire et fragile.
Au service technique, c’est le sentiment d’invisibilité, de manque de reconnaissance, qui domine. Les bas salaires, les astreintes mal rémunérées et les absences non remplacés pèsent aussi sur des personnels fatigués par 2 ans de crise sanitaire.
Dans le local syndical, on parle CDD, intérim, stagiairisation. De la nécessité de revaloriser les carrières dans leur entièreté. Quand le personnel soignant est épuisé, c’est la débrouille et la solidarité entre équipes qui permet de faire face.
Les cadres de l’hôpital soulignent leurs difficultés de recrutement, la perte de compétences causée par le turn-over ; et regrettent la mise en place de la formation de Médecine d’Urgence, très spécifique et interdisant les changements de carrière.
Pour les agents administratifs aussi, la période du CoVid a été terrible. Les salaires trop bas (800 euros d’écart avec le privé !), dont certains en dessous du SMIC (re !), les temps partiels subis, l’invisibilité rendent ces métiers peu attractifs.
On termine par les Urgences : non-reconnaissance de la pénibilité, diplôme d’urgentiste mal conçu, réévaluation du numerus clausus sans augmentation de la capacité d’accueil des universités, recrutement d’intérimaires moins qualifiés et mieux payés…
#AlloSégur, vous avez un message : l’hôpital va mal. Il ne tient que par la force et le dévouement de son personnel. On a beaucoup applaudi les soignants : ils le méritent. Mais ils méritent surtout de meilleures conditions de travail. François Braun : on s’y met ?